Quantcast
Channel: IFRI - Institut français des relations internationales - Questions de sécurité

Circulation et commercialisation de chloroquine en Afrique de l’Ouest : une géopolitique du médicament à la lumière du COVID-19

0
0
Français
edito_afrique_juillet_2.jpg

Au-delà des débats concernant l’efficacité de la chloroquine et de son dérivé contre le COVID-19, Interpol annonçait le 19 mars 2020, dans le cadre de l’opération internationale Pangea XIII, un doublement des saisies de chloroquine dans le monde[3]. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale n’ont pas échappé à ce mouvement. La circulation de la vidéo du professeur Raoult a été attestée dans plusieurs pays, avec pour conséquence une augmentation de la demande locale[4]. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiait le 9 avril une alerte concernant la vente de « chloroquine falsifiée » au Cameroun, en République démocratique du Congo et au Niger[5], attirant l’attention sur l’impact de l’information partagée sur les réseaux sociaux[6] mais aussi sur le trafic de médicaments de qualité douteuse.

En prenant comme point de départ une analyse des produits présents dans la région, où médicaments falsifiés, mal manufacturés et vendus avec ou sans autorisation de mise sur le marché (AMM) se côtoient, cet article revient sur la circulation et la commercialisation de la chloroquine en Afrique de l’Ouest, et ce qu’elles révèlent du fonctionnement du secteur du médicament et de sa géopolitique[7].

Une prolifération de produits non autorisés

La chloroquine est un médicament bien connu en Afrique de l’Ouest. Elle a été l’un des antipaludéens les plus largement prescrits jusque dans les années 1980. Elle n’est cependant plus aujourd’hui, tout comme l’hydroxychloroquine d’ailleurs, utilisée contre le paludisme. En raison du développement de souches résistantes, l’OMS préconise en effet de la remplacer par des traitements à base d’artémisinine. Ainsi, au Bénin, aucun produit contenant de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine ne bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Au Niger et en Côte d’Ivoire, la chloroquine n’est pas autorisée et seul un produit contenant de l’hydroxychloroquine (200 mg) dispose d’une AMM pour le traitement de maladies auto-immunes. Quant au Nigeria, de la chloroquine avec un dosage de 250 mg peut être vendue, là encore pour traiter des maladies auto-immunes.

De nombreuses boîtes de comprimés de phosphate de chloroquine dosés à 100 mg circulent toutefois dans la sous-région. Plusieurs ont en effet été saisies récemment. C’est le cas au Niger, comme l’a rapporté l’OMS dans son alerte du 9 avril, mais aussi au Mali[8] et en Côte d’Ivoire.

Ces différentes saisies ne constituent qu’un échantillon des produits en circulation. Elles permettent toutefois de faire deux constats. Le premier est que dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest – et très probablement tous – la chloroquine circule illégalement, ne disposant pas d’AMM. Le second est que des produits identiques ou très proches de la Nivaquine (chloroquine en 100 mg) du laboratoire Sanofi ont été observés dans différents pays comme le Nirupquin 100 mg en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ou encore la Samquine 100 mg au Niger et au Bénin (avec de légères variations sur l’emballage dans ce dernier cas[9]).

Une chaîne d’approvisionnement ancienne

D’où viennent ces produits ? Pour certains, le fabricant n’est pas mentionné. Pour d’autres, il s’agit souvent d’entreprises indiennes. À noter, toutefois, que la mention d’un fabricant ne signifie pas que celui-ci existe ou fabrique véritablement le médicament : un faux nom peut être inscrit. Une partie des produits est cependant importée d’Asie et notamment d’Inde, qui produit 70 % de l’hydroxychloroquine[10] et près de 20 % des génériques vendus dans le monde[11].Selon un site commercial indien, de la Samquine 100 mg a en effet été exportée en 2016 au Bénin et plusieurs envois de Nirupquin ont eu lieu à destination de la Guinée entre 2014 et 2016[12].

Une autre partie des médicaments vendus comme de la chloroquine est probablement fabriquée dans des ateliers ou laboratoires clandestins en Afrique de l’Ouest. Plusieurs ont en effet été démantelés ces dernières années, par exemple au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Niger (il ne s’agissait pas de chloroquine).

L’acheminement de chloroquine de l’Asie vers l’Afrique de l’Ouest se fait principalement par bateau. Le trajet peut prendre plusieurs mois, avec de multiples points de transit et des passages par des zones franches. Il est probable que les principaux ports d’importation soient les mêmes que ceux utilisés pour d’autres médicaments, et que Lagos, Cotonou et Conakry soient d’importants points d’entrée. L’envoi par voie aérienne est également utilisé[13]. Pour circuler dans la sous-région, les trafiquants s’insèrent dans les flux de marchandises légales en dissimulant leurs produits ou en corrompant les forces de sécurité, ou utilisent des pistes isolées pour éviter les contrôles.

Les acteurs impliqués dans la fabrication, la distribution et la commercialisation de médicaments falsifiés ou de qualité inférieure sont nombreux, attirés par les profits liés à cette activité : cadres de l’industrie pharmaceutique, gérants de petites entreprises, grossistes accrédités ou non, transporteurs, petits revendeurs, etc.[14]

Un enjeu de santé publique

La chloroquine vendue en Afrique de l’Ouest – et cela n’est pas spécifique à cette région du continent – est souvent de mauvaise qualité. Selon une analyse de 18 comprimés publiée en 2011, deux avaient une substance active sous-dosée et le profil de dissolution n’était pas conforme pour dix d’entre eux (du fait des excipients utilisés, du processus de fabrication ou des conditions de transport et de stockage[15]). À cet enjeu s’ajoute l’achat dans des marchés de rue ou/et via des circuits informels auprès de vendeurs sans formation. Au total, selon l’OMS, les médicaments falsifiés ou de qualité inférieure seraient responsables de plus de 100 000 morts par an en Afrique[16].

Dans ce contexte, le COVID-19 constitue un facteur aggravant en accroissant la demande de produits potentiellement dangereux. Outre cet accroissement et les risques de complication liés à la prise de chloroquine en automédication, la perspective de profits importants constitue un appel d’air pour des acteurs en quête d’argent facile à travers l’importation ou la fabrication locale de produits de qualité inférieure voire sans substance active, ou la vente de substituts. Les autorités camerounaises ont d’ailleurs annoncé, fin mars 2020, le démantèlement d’une « usine de fabrication de chloroquine falsifiée[17] », et ce cas est probablement loin d’être isolé. Toujours au Cameroun – mais cette porosité entre la chaîne d’approvisionnement formelle et informelle se retrouve ailleurs en Afrique de l’Ouest – de la chloroquine non autorisée a été saisie dans des pharmacies et des hôpitaux, ce qui interpelle sur les pratiques de certains acteurs du secteur de la santé[18].

En outre, les restrictions temporaires d’exportations indiennes d’hydroxychloroquine[19] et la demande croissante en chloroquine dans le monde ont mis en lumière la dépendance des pays ouest-africains vis-à-vis d’acteurs externes, stimulant ainsi la production régionale de ce médicament[20]. L’entreprise pharmaceutique U-Pharma au Burkina Faso qui avait arrêté de produire ce médicament en 1994 en a repris la fabrication. Au Bénin, Pharmaquick a livré le 15 avril 2020, 4 millions de comprimés après avoir été sollicité par le ministère de la Santé, tandis qu’en parallèle le gouvernement annonçait subventionner l’achat dans les officines afin de limiter le recours au marché parallèle[21]. Au Nigeria, un mouvement similaire a été observé avec une commande fin mars de la National Agency for Food and Drug Administration and Control (NAFDAC) auprès de May & Baker Nigeria Plc à des fins d’essais cliniques.

La convention MEDICRIME et ses limites

La convention MEDICRIME[22], qui « criminalise la contrefaçon mais aussi la fabrication et la distribution de produits médicaux mis sur le marché sans autorisations », séduit de plus en plus de pays d’Afrique de l’Ouest. Outre la ratification par la Guinée, le Bénin et le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire l’a signée en juillet 2019. Quant au Mali, au Niger et au Sénégal, ils ont manifesté leur intérêt pour la ratifier.

L’exemple de la Guinée, premier État d’Afrique de l’Ouest à avoir ratifié MEDICRIME mais considérée comme un point d’entrée important de médicaments non autorisés dans la sous-région, rappelle cependant les défis en matière de mise en œuvre et la nécessité d’une volonté politique dans la criminalisation et la répression du trafic de médicaments[23]. De même, le caractère régional du marché du médicament et le poids de l’informel interpellent sur l’importance de l’harmonisation législative et de la coopération, de la lutte contre les marchés de rue – à commencer par ceux regroupant des grossistes irriguant les marchés nationaux et les pays voisins – et leurs filières d’approvisionnement, mais aussi de l’accès sur l’ensemble des territoires à une offre de produits agréés et contrôlés à des prix accessibles.

En cela, si la pandémie de COVID-19 – et l’émotion qu’elle suscite – accroît les risques liés aux médicaments falsifiés ou de qualité inférieure, elle constitue également, dans ses multiples dimensions, une opportunité en attirant l’attention sur le(s) (dys)fonctionnement(s) du marché du médicament en Afrique de l’Ouest, sa dépendance aux producteurs asiatiques mais également sur des tentatives de production locale. Malgré les ratifications de conventions et l’amélioration des législations nationales, les médicaments illicites prolifèrent, selon des circuits connus et parfois « protégés » politiquement. Cette question illustre les difficultés des systèmes sanitaires ouest-africains et, plus largement, des États à protéger leurs citoyens.

 

 

[1]. « Coronavirus : vers une sortie de crise ? », Flash Info Méditerranée Infection, 25 février 2020

[2]. L’hydroxychloroquine est un dérivé de la chloroquine. Il s’agit de deux molécules très proches avec le même mode d’action mais un profil de sécurité d’utilisation différent. L’ajout d’un dérivé hydroxydé permet en effet de réduire la fréquence des complications.

[3]. Les opérations Pangea sont mondiales et ciblent la vente en ligne de produits de santé contrefaits et illicites. L’augmentation des saisies de chloroquine n’est pas forcément liée à une augmentation de la production, mais peut être la conséquence d’une plus grande attention des forces de l’ordre et de mouvements conjoncturels résultant de la demande.

[4]. « Démunie face au coronavirus, l’Afrique se jette sur la chloroquine », Le Temps, 2 avril 2020.

[5]. « Alerte produit médical n° 4/2020 », Organisation mondiale de la santé, 9 avril 2020.

[6]. A. Desclaux, « La mondialisation des infox et ses effets sur la santé en Afrique : l’exemple de la chloroquine », The Conversation, 19 mars 2020.

[7]. Cet article s’appuie sur plusieurs entretiens réalisés en avril et mai 2020. L’auteur remercie Nina Krotov-Sand et l’équipe de l’Ifri pour leur relecture.

[8]. Sauf dérogation, la chloroquine est interdite au Mali depuis 2007.

[9]. Les génériques sont parfois copiés pour imiter les marques les plus demandées/réputées.

[10]. « Why the World Is Hungry for a Coronavirus Drug made in India », Deutsche Welle, 9 avril 2020.

[11]. « The World’s Pharmacy », The Telegraph, 20 avril 2020.

[12]. Il s’agit du site www.zauba.com. Le Nirupquin circulait déjà en Afrique de l’Ouest dans les années 2000.

[13]. « Transnational Organised Crime in West Africa: A Threat Assessment », Organisation des Nations unies contre les drogues et le crime, 2013.

[14]Ibid.

[15]. C. W. Ouedraogo et al., « Quality of Chloroquine Tablets Available in Africa », Annals of Tropical Medicine and Parasitology, vol. 105, n° 6, septembre 2011, p. 447-453.

[16]. « Togo : un sommet contre le fléau du trafic de faux médicaments en Afrique », Franceinfo, 16 janvier 2020.

[17]. « Cameroun : Un réseau de fabricants de fausses chloroquines démantelé à Bafoussam », 237 Online, 31 mars 2020. Aucune substance pharmaceutique active n’était présente.

[18]. « Fake Versions of COVID-19 Drug Chloroquine Seen in Africa », Securing Industry, 3 avril 2020. Cette porosité est plus ancienne que la crise du COVID-19. Exemple parmi d’autres, les auteurs de l’étude publiée en 2011, citée précédemment, ont analysé pour le Mali de la chloroquine 100 mg venant de pharmacies alors que ce produit est interdit dans le pays depuis 2007 !

[19]. « Amendment in Export Policy of Hydroxychloroquine », Gouvernement indien, 25 mars 2020.

[20]. Selon les sources disponibles, la substance active était toujours importée, très probablement de Chine.

[21]. « Le Bénin produit déjà 4 millions de comprimés de chloroquine », 24hauBenin, 17 avril 2020.

[22]. Pour plus de détails sur la convention MEDICRIME, voir : www.coe.int.

[23]. « Réduction des importateurs de médicaments : les grossistes menacent d’assigner l’État en justice », Guinéénews.org, 20 janvier 2020.

 

La publication le 25 février 2020 d’une vidéo montrant le professeur français Didier Raoult présentant en des termes laudateurs le résultat d’une étude chinoise sur l’effet de la chloroquine sur le coronavirus (SARS-CoV-2)[1] a jeté une lumière nouvelle sur cet ancien médicament. L’annonce, suivie par la mise en place du spécialiste des maladies infectieuses d’un protocole associant l’hydroxychloroquine[2]à un antibiotique, a depuis suscité de nombreuses réactions, des essais complémentaires et des scandales liés au processus de vérification des articles scientifiques.

Circulation et commercialisation de chloroquine en Afrique de l'Ouest : une géopolitique du médicament à la lumière du COVID-19
Vendredi 03 Juillet 2020
tisseron_chloroquine_afrique_ouest_2020_page1.jpg
Antonin TISSERON
ISBN / ISSN: 
979-10-373-0198-7
L'Afrique en questions, n° 57, 3 juillet 2020
Délai de publication: 
0jours
ID CRM Eudonet: 
13736

Boko Haram et les limites du tout-répressif au Nigeria : de nouvelles perspectives ?

0
0
Français
soldat_armee_nigeriane_3.jpg

Pays le plus peuplé d’Afrique avec quelque 200 millions d’habitants, le Nigeria est engagé dans une lutte sans merci contre la mouvance Boko Haram autour du lac Tchad. Depuis 2009, il n’a cependant pas réussi à venir à bout de l’insurrection en dépit de la formation en 2015 d’une coalition antiterroriste avec le Niger, le Cameroun et le Tchad, la Force Multinationale Mixte (FMM)[1]. Les impasses de sa stratégie de répression viennent, entre autres, des déficiences de ses forces de sécurité et de nombreux dégâts collatéraux qui ont pu rebuter la population locale, éloigner les civils des pouvoirs publics et, dans certains cas, pousser des jeunes dans les bras des djihadistes. Plus fondamentalement encore, l’incapacité du Nigeria à sortir de la crise et à rétablir la paix se nourrit d’une vision biaisée du conflit qui, a priori, écarte les solutions alternatives.

En effet, le grand récit de la lutte contre le terrorisme au Sahel se focalise généralement sur les atrocités commises par les insurgés et non par les forces gouvernementales qui les combattent. Dans le cas du Nigeria, les décideurs politiques, les médias et certains chercheurs insistent ainsi sur les crimes, bien réels, de la nébuleuse Boko Haram dans les régions à la lisière du lac Tchad : décapitations de militaires, exécutions de travailleurs humanitaires, attentats suicides, assassinats de chrétiens, enlèvements de collégiennes, etc. En revanche, ils sont bien moins prolixes sur les nombreuses exactions perpétrées par des forces gouvernementales : tortures dans les prisons, viols de jeunes filles dans des camps de déplacés internes, massacres et bombardements de civils dans des localités du Nigeria comme Baga en avril 2013 ou Rann en janvier 2017.


[1]. En anglais, Multinational Joint Task Force (FMM).

En dépit de la mise en place en 2015 d’une coalition antiterroriste avec le Niger, le Tchad et le Cameroun, le Nigeria n’a pas réussi à venir à bout du groupe djihadiste appelé Boko Haram. Cette note revient en conséquence sur les impasses de la réponse militaire à une insurrection qualifiée de « terroriste », d’une part, et sur les multiples raisons qui expliquent la résilience des rebelles, d’autre part. Quelques alternatives au tout-répressif sont aussi explorées.

Boko Haram et les limites du tout-répressif au Nigeria : de nouvelles perspectives ?
Vendredi 17 Juillet 2020
cv_madm_boko_haram_2020_00000002.jpg
Marc-Antoine PEROUSE DE MONTCLOS
ISBN / ISSN: 
979-10-373-0209-0
Notes de l'Ifri, Ifri, juillet 2020
Délai de publication: 
0jours
ID CRM Eudonet: 
13746

Opération Barkhane au Sahel : pour combien de temps encore ?

0
0
Français

Ce dimanche 9 août, huit personnes ont été assassinées dans la région de Kouré au Niger lors d'un attentat non revendiqué mais dont tout semble indiquer qu'il s'agit d'un acte terroriste mené par des forces armées islamistes. 

Parmi les victimes, six français et un nigérien étaient membres de l'ONG Acted. Cette attaque marque encore une fois l'intensité de la menace terroriste dans cette région sous haute tension. La riposte Française ne s'est pas faite attendre.

Dans un communiqué du ministère de l'Europe et de l'intérieur, Jean Yves Le Drian a indiqué que "les responsables de cette attaque abjecte devront répondre de leurs actes" et qu'une étroite collaboration avec les autorités nigériennes s'organisait pour "poursuivre la lutte en commun contre les groupes terroristes du Sahel".

Que peut encore la France pour régler le conflit Sahélien ? 

En renforçant ses positions militaires, ne risque-t-elle pas d'intensifier l'incompréhension des populations présentes et d'empirer la situation ? 

Face à la réalité d'un conflit qui s'enlise et des groupes terroristes qui ne cessent d'étendre leur emprise sur le terrain, que penser du bilan français au Sahel ? 

 
Les invités
  • Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne de l'Institut français des relations internationales (Ifri)
  • Niagalé Bagayoko, politologue et présidente de l'African Security Sector Network.

 

> Ecouter l'émission sur France Inter

 

Au Lendemain d’une attaque terroriste au Niger, le gouvernement français a réaffirmé sa détermination à lutter contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel. Présente dans la région depuis 2013, la France peine pourtant à mener ses interventions. Les djihadistes, eux, continuent de gagner du terrain.

Lundi 10 Août 2020
France Inter
Alain ANTIL

invité dans "Le Téléphone sonne" sur France Inter

Délai de publication: 
0jours

De Bamako à Kouré : à quoi sert vraiment Barkhane ?

0
0
Français
shutterstock_1711128163.jpg

Au pouvoir depuis sept ans au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keïta a démissionné la semaine dernière, à la suite d’un putsch militaire salué par une partie de la population, après des semaines de manifestations contre l’exécutif. Cet épisode est une triste répétition du scénario de 2012 - qui avait mis fin au mandat d’Amadou Toumani Touré - et y souligne une fois encore l'absence de légitimité des élites politiques, alors même que le retour de la confiance est unanimement présenté comme indispensable au rétablissement de la sécurité. 

En quoi les bouleversements politiques traversés par le Mali viennent-ils interférer avec la coopération militaire du pays avec ses voisins du G5 Sahel, ainsi qu’avec la France, dans le cadre de l’opération Barkhane ? Peut-on s'attendre à une contagion contestataire dans la région ?

Invités :

  • Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne
  • Yvan Guichaoua, spécialiste du Sahel et des questions de sécurité, chercher et maître de conférences à la Brussels School of International Studies
  • Niagalé Bagayoko, politologue, présidente de l’African Security Sector Network, une organisation panafricaine qui rassemble des spécialistes de la réforme des systèmes de sécurité
 
> Ecouter le podcast sur France Culture

Alors que la France est engagée au Sahel depuis près de huit ans à travers les opérations Serval puis Barkhane, de nouveaux bouleversements politiques sont venus ces derniers jours illustrer l’instabilité persistante de la région.

Mardi 25 Août 2020
France Culture
Alain ANTIL

invité dans "Cultures Monde" sur France Culture

Délai de publication: 
0jours

L'avenir incertain du Mali

0
0
Français
Soldats français au Mali

Après des mois de vives contestations populaires, le président Ibrahim Boubacar Keïta a été contraint à démissionner par un coup d'Etat militaire. Alors que la communauté internationale, l'Union Africaine et la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest ont condamné sans attendre cette prise de pouvoir par la force, une transition vers un pouvoir civil devrait être mis en place - mais quand ? Dans un pays où le contexte sécuritaire se dégrade et où la présence militaire de la communauté internationale (notamment française) s'était avérée indispensable pour préserver la stabilité du pays, l'avenir est plus qu'incertain...

Invités

  • Alain Antil, directeur du Centre Afrique Subsaharienne de l'Institut Français de Relations Internationales (IFRI)
  • Omar Ouhamane, journaliste

 

> Ecrouter le podcast sur France Inter

 

Alors que le Mali était politiquement instable, économiquement affaibli et que sa situation sécuritaire se détériore, quel avenir réserve la chute du président IBK et la prise de pouvoir par les militaires ?

Mercredi 26 Août 2020
France Inter
Alain ANTIL

invité dans "Un jour dans le monde" sur France Inter

Délai de publication: 
0jours

Mozambique : les défis sécuritaires, politiques et géopolitiques du boom gazier

0
0
Français
Meluluca (Niassa), 29 de Julho de 2018
  1. La plupart des majors occidentales et asiatiques sont théoriquement prêtes à investir plus d’une centaine de milliards de dollars (Mds de $) dans les deux prochaines décennies pour développer ce potentiel gazier qui pourrait atteindre un volume de 60 millions de tonnes (mt) par an.
  2. Les inquiétudes sécuritaires liées aux activités meurtrières du groupe islamiste Al Shebab dans la zone de transformation du gaz préoccupent cependant de plus en plus les majors, bien en peine d’influencer la stratégie sécuritaire jusqu’alors défaillante des autorités mozambicaines. Le manque de résultat de l’armée régulière pousse à l’utilisation toujours plus importante de mercenaires qui risquent de déstabiliser davantage une région sensible et prompte aux trafics d’armes et de drogue, située à la frontière avec la Tanzanie. Le mode opératoire du groupe terroriste et la réponse étatique rappellent la montée en puissance de Boko Haram au Nigeria à partir de 2010.
  3. Les futurs revenus du gaz qui résulteront de la production mozambicaine renforcent déjà considérablement la position du parti au pouvoir, le Frelimo, et le rendent davantage imperméable aux critiques venant des bailleurs et puissances étrangères traditionnelles. Sa gestion des dernières élections et celle de l’affaire des dettes cachées démontrent bien combien le gouvernement mozambicain se perçoit comme quasi intouchable. Il est fort probable que l’arrivée de la manne gazière soit de nature à encore accroître la mainmise du Frelimo sur la gestion du pays et à l’affaiblissement des contre-pouvoirs. Le Frelimo a tendance à se raidir en se sentant protégé par ses ressources en gaz.
  4. Les hésitations Mobil sur les investissementsne semblent pas remettre pour l’instant en cause la toute-puissance du Frelimo. Il y a finalement assez peu de chance que le parti change ses pratiques et adopte uneplus transparente, en acceptant davantage d’influence de la part des donneurs traditionnels – Banque africaine de développement, Banque mondiale, Union européenne (UE). Alors que le poids des bailleurs était déjà très relatif sur les prises de décision lorsque le Mozambique n’avait pas découvert de gaz, il est improbable qu’avec de tels projets annoncés par les majors, le Frelimo entrouvre davantage la porte à un quelconque droit de regard venant de l’extérieur.
  5. L’absence de plan de développement et de volonté politique du Frelimo de maximiser les retombées du gaz en emplois, en contenu local, en diversification de l’économie et en industrialisation fait craindre à moyen terme une aggravation des tensions sociales et un probable ratage de la diversification économique et de l’émergence.
  6. La crise du COVID-19 aura comme impact principal au Mozambique de repousser de quelques mois les projets déjà signés (Total et ENI). Dans un contexte de crise des hydrocarbures, Total a tout de même réussi, courant mai, à boucler le financement de son projet en levant près de 15 milliards de dollars (Mds de $) auprès des banques, soit les trois quarts des besoins totaux pour les deux premiers trains de GNL. ExxonMobil a cependant repoussé le lancement de ses deux trains de GNL, qui aurait dû être acté depuis 2019, pour des raisons sécuritaires, économiques et en utilisant également l’argument de la crise du COVID-19.
  7. L’eldorado gazier du pays a attiré via des majors d’État ou privées toutes les grandes puissances occidentales et asiatiques. L’Italie, très impliquée politiquement au Mozambique depuis près de trente ans, voit cependant sa société ENI laisser petit à petit la place à la major américaine ExxonMobil. Toutes les sociétés des futurs États acheteurs du GNL ont également pris des participations sur les blocs sur lesquels se trouvent des découvertes. C’est principalement le cas de l’Inde, engagé via des sociétés privées et publiques et avec qui les relations sont meilleures avec le président Filipe Nyusi, ancien élève d’une école de commerce du Gujarat. Le Japon et la Thaïlande sont également impliqués.
  8. La présence de la Chine via CNPC aux côtés d’ExxonMobil sur le bloc 4 n’a pas échappé au contexte de rivalité sino-américaine. L’administration Trump a tout fait pour empêcher le déblocage de prêts et garanties bancaires pour ce projet, craignant in fine cela profite aux sociétés d’État chinoises. En revanche, Total profitera de près de 5 Mds de $ de financements américains grâce à l’implication d’un grand nombre de contractants venant des États-Unis.
  9. Du fait d’une relation politique avec le Frelimo datant du temps de l’URSS et du combat pour l’indépendance contre le Portugal, la Russie joue un rôle militaire non négligeable dans la future zone d’implantations des infrastructures gazières de Cabo Delgado, et ce même si son implication pétrolière dans le pays demeure cantonnée à l’exploration. Quant à l’Afrique du Sud, également impliquée dans la sécurité à Cabo Delgado, son engagement pétrolier, via Sasol, est en baisse avec la mise en vente d’une partie de ses actifs. La relation entre le Mozambique et l’Afrique du Sud, autrefois essentielle, devrait peu à peu évoluer avec l’arrivée massive de capitaux provenant de pays occidentaux et asiatiques impliqués dans le projet gazier.

Les découvertes géantes de gaz au Mozambique, soit 160 trillions de pieds cubes, vont permettre à ce pays très pauvre (6e produit national brut [PNB] par habitant – le plus faible du continent africain) de devenir un des futurs grands producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde d’ici deux décennies.

Mozambique : les défis sécuritaires, politiques et géopolitiques du boom gazier
Lundi 31 Août 2020
pcns_couv_auge_mozambique_2020_page_1.jpg
Benjamin AUGE
Études de l'Ifri, août 2020
Délai de publication: 
0jours
Titre avec mise en forme: 
Mozambique : les défis sécuritaires, politiques et géopolitiques du boom gazier
ID CRM Eudonet: 
13761

Les politiques africaines de la France et de l'Allemagne

0
0
Français
conf_cerfa_-_afrique FES DIE.png
Image: 
Lundi 07 Septembre 2020

L’Afrique est devenue une préoccupation importante de la politique étrangère de l’Allemagne qui a pris depuis 2017 différentes initiatives. La France, en raison de ses relations historiques, a toujours maintenu un lien fort avec le continent africain. Elle est un partenaire majeur des pays du G5 Sahel et a lancé, en partenariat étroit avec Berlin, différentes initiatives comme l’Alliance Sahel. Par conséquent, les deux pays conduisent un dialogue régulier sur les relations entre l’Afrique et l’Europe.

Depuis 2014, la Fondation Friedrich Ebert (FES), l’Institut allemand pour la politique du développement (Deutsches Institut für Entwicklungspolitik) et l’Institut français des relations internationales (Ifri) ont mis en place un échange sur les politiques africaines de l’Allemagne et de la France. C’est ainsi que les rencontres précédentes ont été organisées à Paris en novembre 2014, à Berlin en juin 2017, et à Paris en novembre 2018. En raison de la situation sanitaire, cette rencontre se tient cette année par visioconférence le 7 septembre 2020.

 

10h00          Mots de Bienvenue

Manfred Öhm, Directeur de la Section Afrique subsaharienne, Division de la Coopération internationale, Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) ; Eric-André Martin, Secrétaire général du Cerfa, Ifri ; Benedikt Erforth, Chercheur, Deutsches Institut für Entwicklungspolitik (DIE)

 

10h15 - 11h30 : Panel 1 : « Les approches de la politique française et allemande dans la région du Sahel » - Perspective de développement ·Perspective de sécurité ·Les initiatives actuelles de l'Allemagne et de la France

Modération François Gaulme, Chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne, Ifri ;  Kirsten Schönefeld, Section Afrique subsaharienne, Division de la Coopération internationale, Friedrich-Ebert-Stiftung (FES)

Panélistes : Alain Antil, Directeur du Centre Afrique subsaharienne, Ifri ; Christoph Rauh, Chef de sous-division, Afrique, Ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ), Bonn ; Benedikt Erforth, Chercheur, Deutsches Institut für Entwicklungspolitik (DIE) ; Jean-Michel Jacques, Député, Vice-pésident de la commission Défense à l'Assemblée nationale française – membre LREM

 

13h00 - 14h15 : Panel 2 : « Les politiques africaines de la France et de l'Allemagne : Entre la promotion économique et l’approche commune dans la région du Sahel »

Modération : Manfred Öhm, Directeur de la Section Afrique subsaharienne, Division de la Coopération internationale, Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) ;  Alain Antil, Directeur du Centre Afrique subsaharienne, Ifri

Input : Robert Dölger, Ambassadeur, représentant régional du Ministère fédéral des Affaires étrangères pour l'Afrique subsaharienne et le Sahel ; Jean-Pierre Bat, Chargé de mission Afrique, Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du Quai d’Orsay ; Nils Schmid, membre du Bundestag (MdB) allemand, Rapporteur du groupe parlementaire SPD pour la politique étrangère

 

14h30 - 16h00 : Panel 3 : « Politique européenne commune sur l’Afrique » -  Accord post-Cotonou · Nouvelle stratégie globale avec l’Afrique · Sommet UA-UE 2020

Modération : Christine Hackenesch, Direction du programme de recherche « Coopération inter et transnationale », Deutsches Institut für Entwicklungspolitik (DIE) ; Sina Schlimmer, Chercheuse, Centre Afrique subsaharienne, Ifri

Panélistes : Christoph Matschie, membre du Bundestag (MdB) allemand, Président du groupe de discussion sur l'Afrique, membre adjoint de la Commission de la coopération économique et du développement, membre de la commission des affaires étrangères ; François Gaulme, Chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne, Ifri ; Jean-Pierre Bat, Chargé de mission Afrique, Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du Quai d’Orsay ; Alexander Baum, Conseiller principal pour Post-Cotonou, European External Action Service (EEAS), Bruxelles

 

16h00          Conclusion de la conférence                                                                       

Eric André Martin,  Secrétaire général du CERFA, Ifri ; Christine Hackenesch, Direction du programme de recherche « Coopération inter et transnationale », Deutsches Institut für Entwicklungspolitik (DIE) ; Manfred Öhm, Directeur de la Section Afrique subsaharienne, Division de la Coopération internationale, Friedrich-Ebert-Stiftung (FES)

 

Autre lieu
Restreint

L’année 2020 sera une année importante pour les relations entre l’Union européenne (UE) et l’Afrique, marquée par de nombreuses échéances comme par exemple la définition d’une nouvelle stratégie de l’UE pour le continent africain. 

ifri_logo_2020.png
logo die
fes.jpg
Adresse: 
Friedrich-Ebert-Stiftung, Hiroshimastraße 17, 10785 Berlin
Contact avec les organisateurs: 

Pour plus d'informations sur le débat, merci de contacter Sina Schlimmer, schlimmer@ifri.org

 

ID CRM Eudonet: 
1869

Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne : atouts, limites, conséquences

0
0
Français
Sociétés militaires privées

Pour atteindre ses objectifs géoéconomiques et politiques en Afrique, Moscou s’appuie principalement sur la coopération militaro-technique et sur l’« exportation de la sécurité », deux domaines qui constituent ses principaux avantages concurrentiels. Outre les activités légales, telles que les ventes d’armes, la formation et le conseil, il a également recours à des outils illégaux, notamment à des sociétés militaires privées (SMP), entités interdites de jure en Russie et impliquées (depuis 2014) dans les conflits en cours en Ukraine, en Syrie et en Libye. Leurs activités en Ukraine et, dans une moindre mesure, en Syrie ont conféré aux SMP russes une aura de force et d’efficacité. En revanche, en Afrique subsaharienne, leur utilisation n’aura qu’un effet stratégique limité et ne produira probablement pas de bénéfices durables à long terme pour la Russie.

Sergey Sukhankin est chercheur à la Jamestown Foundation et conseiller chez Gulf State Analytics (Washington DC).

Depuis 2014, la Russie a significativement accru son engagement en Afrique, se joignant à la course aux marchés locaux et aux opportunités offertes par un continent en pleine mutation.

Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne : atouts, limites, conséquences
Vendredi 11 Septembre 2020
couv_rnv120_fr_page_1.jpg
Sergey SUKHANKIN
ISBN / ISSN: 
979-10-373-0221-2
Russie.Nei.Visions, n° 120, Ifri, septembre 2020
Délai de publication: 
0jours
ID CRM Eudonet: 
13777

L'Europe a besoin d'une politique africaine - Comment l'Allemagne et la France définissent-elles leur position sur l'Afrique ?

0
0
Français
institut_francais_bonn_politique_africaine_sina_23.09.2020_1.jpg
Image: 
Mercredi 23 Septembre 2020

Les relations avec le continent africain prennent de l’importance dans les politiques européennes. La première sortie en dehors de l’Europe d’Ursula von der Leyen en tant que Présidente de la Commission européenne en Ethiopie en décembre 2019 est à ce titre symbolique. Le sixième sommet de l’Union européenne et de l’Union africain, prévu en octobre 2020, est également perçu comme un moment pour (re)définir la politique africaine de l’Europe. A l’échelle européenne, il y a un consensus sur les thèmes prioritaires, à savoir la stabilité politique, le renforcement des appareils étatiques, la lutte contre le terrorisme, mais aussi contre la pauvreté afin de trouver des solutions locales aux catalyseurs de la migration vers l’Europe. Mais, il s’agit aussi, pour l’Europe de s’intéresser au commerce international et à son positionnement vis-à-vis des acteurs émergents, tels que la Chine, la Russie ou encore les pays du Moyen-Orient.

La France et l’Allemagne, qui maintiennent des liens historiques, diplomatiques et économiques forts avec de nombreux pays du continent peuvent jouer un rôle important dans l’orientation de cette politique africaine de l’Europe.  Tandis que le gouvernement français est impliqué sur le plan militaire pour sécuriser la zone du Sahel, l’Allemagne s’investit notamment dans le domaine de la coopération technique.

Cette complémentarité des expertises française et allemande issues de leurs relations historiques respectives avec le continent et leur rôle dans la négociation d’une nouvelle stratégie africaine de l’Europe seront discutés par Sina Schlimmer, chercheuse au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri et Martin Mauthe-Käter, Chef adjoint de la Division des politiques africaines, Ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ), lors du webinaire « Deutsch-Französische Zukunftswerkstatt », qui est co-organisé par la fondation Konrad-Adenauer et l’Institut français Bonn.

 

La Visioconférence se déroulera en allemand.

Inscrivez-vous pour suivre le débat en allemand via Zoomou sur la page Facebook de l'Institut français de Bonn ou de la Konrad-Adenauer-Stiftung Büro Bonn.

Posez-vos questions sur Zoom ou Facebook !

 

Partenaires du débat

 

 

L’Afrique de l’Est face à la gestion du COVID-19. Un enchevêtrement de crises ?
Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne : atouts, limites, conséquences
Circulation et commercialisation de chloroquine en Afrique de l’Ouest : une géopolitique du médicament à la lumière du COVID-19
Autre lieu
Public
Sina SCHLIMMER

Cycle de conférences en ligne - Atelier franco-allemand d'avenir

Webinaire, Institut français Bonn, Konrad-Adenauer-Stiftung Büro Bonn
Adresse: 
Institut français Bonn, Konrad-Adenauer-Stiftung Politisches Bildungsforum NRW, Büro Bundesstadt Bonn
Contact avec les organisateurs: 

Pour plus d'informations sur le débat : Prof. Dr. Martin Reuber, Conseiller pour la politique européenne et éducative, Office de la ville fédérale de Bonn, Forum d'éducation politique NRW. Martin.Reuber@kas.de - veuillez cliquer ici.

 

ID CRM Eudonet: 
1871

Au Mozambique, des massacres djihadistes au cœur d’une région convoitée

0
0
Français

Le bilan des attaques islamistes qui se sont produites début novembre dans le nord du Mozambique ne cesse de s’alourdir. Plusieurs sources lusophones ont fait part, mardi 10 et mercredi 11 novembre, d’une cinquantaine de tués dans le district de Muimbe, dans la province du Cabo Delgado, suscitant une émotion internationale, de l’ONU au président français Emmanuel Macron. Selon les sources locales, des djihadistes s’en sont pris aux participants d’une cérémonie d’initiation, les tuant et les décapitant sur un terrain de football. 

Une filiale de Daech

Cette attaque est attribuée aux Chebabs, le groupe islamiste apparu en 2017 dans cette région septentrionale du Mozambique, affilié à Daech. « C’est ainsi que la population le nomme en faisant référence aux islamistes somaliens. Mais son véritable nom est Ansar Al-Sunna », rappelle Thierry Vircoulon, de l’Institut français des relations internationales (Ifri). 

Dans la galaxie des groupes djihadistes africains, Ansar Al-Sunna a fusionné avec l’Iscap, la plateforme islamiste de Daech en Afrique australe. « Le noyau de l’Iscap est formé d’islamistes venus s’installer en Tanzanie après avoir été chassés du Kenya en 2015. Puis, chassés de Tanzanie en 2017, ils ont pris pied dans le nord du Mozambique et se sont agrégés avec les groupes locaux comme Ansar Al-Sunna », met en perspective Thierry Vircoulon. 

La malédiction des ressources du sous-sol

Le Cabo Delgado, où les musulmans sont majoritaires, est l’une des provinces les plus pauvres du Mozambique : ce qui favorise l’implantation des djihadistes. « De plus, la communauté à majorité chrétienne des Maconde – actuellement au pouvoir avec (le président, NDLR) Filipe Nyusi – marginalise une autre des principales communautés de Cabo Delgado : les Mwani. Cette dernière, à dominante musulmane, se sent exclue, ce qui favorise la radicalisation de sa jeunesse », note Benjamin Augé, dans son étude « Mozambique : les défis sécuritaires, politiques et géopolitiques du boom gazier », publiée par l’Ifri en août 2020. 

Une radicalisation en lien, enfin, avec la frustration de la population et le désordre qu’attise la découverte d’énormes gisements de gaz qui aiguisent les appétits du monde entier et dont les bénéfices sont entièrement captés par la capitale. « Les découvertes géantes de gaz au Mozambique, soit 160 trillions de pieds cubes, vont permettre à ce pays très pauvre (6e produit national brut [PNB] par habitant – le plus faible du continent africain) de devenir un des futurs grands producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde d’ici deux décennies », souligne Benjamin Augé. « C’est l’arrière-fond de ce qui se passe dans cette région, ajoute Thierry Vircoulon. Toutes les majors occidentales et asiatiques qui exploitent les hydrocarbures sont entrées dans le jeu. Celle qui réussira à contrôler le canal du Mozambique touchera le pactole. Dans cette compétition, l’opacité est de mise en Afrique, et la prolifération des groupes armés et de l’insécurité, la règle. » 

> Lire l'article sur le site de La Croix

Une cinquantaine de civils ont été décapités, début novembre, dans la province du Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique. Les auteurs : un groupe armé islamiste lié à Daech, qui multiplie les attaques d’envergure dans cette région très riche en réserves de gaz.

Vendredi 13 Novembre 2020
La Croix
Thierry VIRCOULON
Benjamin AUGE

cités par Laurent Larcher dans La Croix

Délai de publication: 
0jours




Latest Images